17 - 19 juin 2020
Paris, France
16ème édition
Evolution de l'Architecture d'Entreprise
Auteur de nombreux ouvrages sur la gouvernance des systèmes d’information, Yves Caseau est DSI du groupe Michelin depuis 2017.
Ancien étudiant de l'Ecole Normale Supérieure (promotion 1982), il est titulaire d'un doctorat en informatique de l'université Paris XI (1987), d'une habilitation à diriger la recherche (1995) et d'un MBA. Il a publié plus de 40 articles sur diverses innovations scientifiques, couvrant un large champ allant de l'optimisation combinatoire à la conception de compilateurs.
Architecture d’entreprise, DevOps & transformation digitale
Un entretien avec Yves Caseau, Group Chief Information Officer chez Michelin
M. Caseau, le logiciel dévore-t-il vraiment le monde ? Quel est l'impact de l’explosion exponentielle des technologies sur les métiers et la stratégie d'entreprise ?
Y. Caseau : L’expression “le logiciel dévore le monde” de Marc Andreesen est la conséquence de la numérisation progressive de l’ensemble des activités humaines, ce que nous voyons autour de nous (de l’agriculture à la médecine en passant par l’Industrie 4.0). Cette numérisation est le résultat du “Web squared”: l’IOT, les capteurs, les réseaux et l’ubiquité des moyens de calcul et stockage. Le “web squared”, une expression qui date d’il y a déjà dix ans exprime que le monde digital connecté se déploie de façon ubiquitaire dans le monde physique, tandis que le monde physique se trouve mesuré et reproduit dans le monde digital (une sorte de jumeau numérique à l’échelle de la planète).
La première conséquence est que le pourcentage des activités des entreprises qui sont, à des degrés variables, sous le contrôle d’un système logiciel ne fait qu’augmenter. La maîtrise des compétences logicielles devient essentielle pour toutes sortes de métiers. La deuxième conséquence est que l’augmentation “exponentielle” des technologies numériques, depuis le stockage et le calcul jusqu’aux algorithmes d’intelligence artificielle, a une influence essentielle sur la stratégie des entreprises parce que la technologie détermine un champ sans cesse grandissant du “possible” pour ces entreprises. Autrement dit, le degré de maîtrise des “possibles technologiques” détermine une partie du terrain de jeu de l’entreprise, et son positionnement par rapport à ses concurrents. La disruption digitale, c’est précisément lorsqu’un acteur qui maîtrise beaucoup mieux le logiciel s’invite sur un terrain d’activité qui s’est fait “dévorer” par le numérique, ce qui signifie que la numérisation des activités permet de réinventer une nouvelle stratégie métier pour un champs d’activité donné.
Dans ce contexte de transformation digitale constante, quel est le rôle de l'architecture d'entreprise et par extension quel est aujourd’hui le profil d’un DSI ?
Y. Caseau : Le principe fondamental de la stratégie digitale, c’est la rapidité de l’action pour saisir une opportunité client, qui est la conséquence du “potentiel de situation” (les compétences et les actifs) de l’entreprise. Le monde numérique, c’est la coexistence du temps court et du temps long. Le temps court est celui de la boucle d’interaction avec les clients. Le temps long est celui de la construction du potentiel, qui est précisément le rôle de l’architecture d’entreprise. Il ne suffit pas de souhaiter l’agilité ou de travailler en mode agile sur le temps court. Pour gagner (car le monde digital est férocement compétitif), il faut avoir développé les techniques, les outils, les savoir-faire qui permettent d’aller rapidement, de façon agile, vers la satisfaction du client.
L’architecture d’entreprise détermine en partie le “champs des possibles” à travers la structure et la modularité du système d’information (au sens large), et à travers les actifs, depuis les données et la façon dont elles sont accessibles pour toutes les opportunités jusqu’aux “capacités” du systèmes global : réactivité, adaptabilité, intelligence. Je ne crois pas qu’il y ait de profil idéal ou type pour le DSI : il faut une pluralité de savoirs et compétences qui ne s’incarne que dans une équipe. Le DSI doit pouvoir inspirer l’équipe qui construit le système d’information et même pouvoir incarner ce système pour les acteurs de l’entreprise, ce qui implique de le comprendre.
Qu'entendez-vous par "système d’information exponentiel" ?
Y. Caseau : Je fais référence au best-seller de Salim Ismaïl, “Exponential Organizations” : une organisation exponentielle est une entreprise qui s’est organisée en tant que réseau ouvert et apprenant, pour absorber le mieux possible le rythme du changement et tirer le meilleur parti possible du flux constant d’opportunités apportées par le progrès technologique. La même définition s’applique parfaitement à un système d’information : être ouvert, construit (architecturé) pour pouvoir évoluer continûment avec un rythme qui s’accélère, et organisé de telle sorte à savoir faire levier de tous les progrès technologiques : données, réseaux, IOT, intelligence artificielle, etc. Les deux caractéristiques essentielles sont le changement permanent (pour s’adapter en permanence à un monde qui change) et la capacité à absorber et faire levier à partir d’un flux “outside to inside” d’innovations. On voit évidemment l’importance de l’architecture d’entreprise pour atteindre ces objectifs, mais il s’agit aussi d’une question d’architecture logicielle, de stratégie logicielle et de culture de développement.
Selon vous, où se situe la maturité digitale des entreprises françaises ?
Y. Caseau : C’est une question difficile, car il n’existe pas de point de vue neutre : tout dépend de l’objectif associé à la transformation digitale. Je constate que les meilleurs auteurs, comme ceux de “Designed for Digital” que je cite souvent, sont prudents voire réservés : la transformation digitale des capacités, de ce que l’entreprise sait faire, est bien engagée dans une grosse moitié des entreprises, mais la véritable transformation digitale de la façon dont les entreprises délivrent leur valeur à leurs clients n’en est qu’à ses débuts.
Mon dernier livre, “l’approche lean de la transformation digitale”, qui sort au printemps chez Dunod, a pour but d’aider les entreprises à réussir ce passage de l’intention et du développement des capacités à l’exécution de leur ambition digitale. Son sous-titre, “du client au code et du code au client” exprime une partie de la réponse à votre question : toutes les entreprises souhaitent être orientée client et la plupart ont entrepris des démarches de transformation de leurs capacités de développement logiciel, autour de démarches agiles et d’approches DevOps. En revanche, l’exemple des “géants du web” montre que le succès dans le monde digital requiert une qualité d’exécution et une intrication des perspectives client et technologiques qui n’est pas encore à la portée de la plupart des entreprises.
À l’approche de la 16ème édition de notre conférence Evolution de l’Architecture d’Entreprise, M. Yves Caseau, Group Chief Information Officer chez Michelin, un des intervenants experts de cette conférence, aborde les nouveaux enjeux et perspectives autour de l'évolution de l'architecture d'entreprise dans un contexte de transformation et un marché en constante évolution
" Pour gagner (car le monde digital est férocement compétitif), il faut avoir développé les techniques, les outils, les savoir-faire qui permettent d’aller rapidement, de façon agile, vers la satisfaction du client "
La 16ème édition de notre conférence sur L' Evolution de l'Architecture d'Entreprise s’intéressera aux problématiques rencontrées dans la demarche de faire évoluer l’AE dans un contexte de transformation et un marché en constante évolution. Les études de cas présentées vous aideront à aligner l’architecture d’entreprise sur la stratégie corporate et de répondre aux besoins métiers dans un environnement de plus en plus Agile
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Parmi les intervenants - experts :
Yves Caseau
Group Chief Information Officer
Michelin
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Demande d'informations :
Nayia VELOUDI
Digital Media & Communications
marcus evans France
Un événement organisé par :
marcus evans est spécialisé dans la recherche et le développement d'événements stratégiques destinés aux dirigeants et cadres confirmés
Fabrice Le Goëffic
Group Chief Architect
Euler Hermes
Alain Thénoz
Directeur Architecture d’Entreprise
Bolloré Transport & Logistics
Pascal Freund
Directeur Architecture, Innovation & Stratégie SI
La Poste
Joel Farvault
Head of Business Intelligence & Data Analytics
AXA International & New Markets
Guillaume Recouvreur
Digital Architecture Leader
ADEO
Patrick Pansier
Deputy Head of IT Post Trade - Architecture IT
Exane
Frédéric Charles
Directeur Stratégie Digitale & Innovation
SUEZ Smart Solutions
Maud Brevet
Head of Global Enterprise Architecture
Louis Dreyfus Company
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